Ou comment comprendre l’apparition de la fatigue
» Don’t buy upgrades, ride up grades »
Eddy Merckx
Tour de France 2019. 19 étape. Julian Alaphilippe perd le contact du groupe des favoris suite aux attaques répétées des favoris de ce tour. Étonnant, pour un puncheur de craquer sur des attaques. Comment ce fait-il qu’il ne soit pas plutôt lâché « au train (d’enfer) » d’Ineos ? Intéressons nous à un modèle qui pourrait expliquer ce point de rupture dans ce tour 2019…

CP(1) correspond à un état stable de puissance : on considère que c’est un état stable au niveau de la consommation d’oxygène, de la lactatémie mais également aussi au niveau de la force de rotation critique (CT : critical torque, (2)).
Une production de puissance supérieure à CP aurait pour conséquences de créer un instabilité ce qui limiterait la capacité à maintenir l’intensité dans le temps. W’ joue un rôle de jauge « énergétique », c’est-à-dire qu’une fois que W’ est consommé, il alors (théoriquement, d’un point de vue mathématique) impossible de produire une puissance au dessus de CP :
P = CP + (W’/t) (3)
En d’autres termes, ce qui limite les performances au dessus du seuil, c’est la réserve de travail anaérobie W’ qui conditionne les performances à hautes intensités.

W’
On peut alors penser que w’ représente un réservoir énergétique, dont la baisse pourrait être « compensée » par un apport énergétique de glucides, du type gel d’effort …
Mais la réalité est plus complexe. En effet, bien que plusieurs auteurs définissent W’ comme une jauge énergétique, il est également défini comme une capacité de travail anaérobie (en anglais AWC).
La figure composition de w’ résume les composantes de cette capacité de travail sont d’origines multiples, pas exclusivement liés à des réserves énergétiques (4).
Quel intérêt pour la performance ?
Les niveaux de puissance critique et de W’ permettent de renseigner sur des « profils » de coureurs, ou sur des capacités. En effet, des athlètes avec un haut niveau de Cp auront tendance à « retarder » les effets de la fatigue anaérobie. Généralement, les grimpeurs et les rouleurs ont des niveaux de puissance critique plus élevés que les autres profils, avec pour les grimpeurs un niveau de cp relatif (w/kg) et un w’ supérieurs aux rouleurs.
Les puncheurs sont, en général, les cyclistes dont le w’ est le plus élevé. c’est principalement du au fait qu’ils ont à la fois une plus grande résistance à la fatigue du travail anaérobie, et aussi à un niveau de cp plus bas : l’aire sous la courbe du graphique est alors plus grande.
élever sa puissance critique permet de retarder les changements physiologiques internes qui viennent limiter tes performances au seuil, ce qui permet des améliorations sur des efforts de gestion (CLM, cols courts, échappée, …) mais aussi de garder « intact » ta capacité de travail w’ et donc tes performances sur des efforts plus courts ou moins lisses.
Si tu veux approfondir le sujet, n’hésite pas à me contacter ????